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axes de recherches no.3 : les cyclopes ou l'incarnation de la vie à l'état brut

  • Photo du rédacteur: Lea Stosskopf
    Lea Stosskopf
  • 29 mai
  • 2 min de lecture



En septembre 2024, je voyageais en Sicile, terre des Cyclopes. Nés d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), Brontès, Argès et Stéropès auraient établi leur forge divine dans le mont Etna, volcan surplombant l’actuelle ville de Catania, au sud-est de l’île, qui fut pendant longtemps partiellement ou totalement une colonie grecque.


Dans mes souvenirs d’enfance, le Cyclope est déjà bien présent. Bien sûr, il m’évoquait le voyage d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère, qui mena le héros jusqu’en Sicile. Toutefois, mon souvenir le plus clair du Cyclope me vient sans doute du film Le 7e Voyage de Sinbad (1958), réalisé par Nathan Juran. Sinbad, marin et marchand issu de la littérature arabe médiévale, y affronte, lors de son troisième voyage, un géant à l’œil unique, probablement un écho cinématographique à Polyphème, le même Cyclope qu’Ulysse rencontre dans l’Odyssée.


Or, Polyphème, fils de Poséidon, est foncièrement différent de Brontès, Argès et Stéropès, qui demeurent moins connus du grand public. Polyphème appartient à la catégorie des Cyclopes homériques, car il est présenté à travers le prisme de l’œuvre d’Homère (fin du VIIIe siècle av. J.-C.). À l’inverse, les enfants d’Ouranos et Gaïa sont des Cyclopes ouraniens, principalement décrits par Hésiode (VIIIe – VIIe siècle av. J.-C.). Ces derniers sont explicitement intégrés à la mythologie olympienne en tant que êtres primordiaux, alliés des dieux.


Polyphème est décrit comme un être brutal, rustre, dangereux et sauvage, menant une vie pastorale solitaire dans les terres siciliennes, où il élève du bétail, en marge de toute société ou loi. Les Cyclopes ouraniens, quant à eux, incarnent une force créatrice au service des dieux, marquée par une forme de morale, de loyauté et de technicité sacrée. Dans la tradition romaine, notamment chez Virgile et Ovide, ces forgerons mythiques sont relocalisés en Sicile, sous le mont Etna, aux côtés d’Héphaïstos, fusionnant ainsi les figures du Cyclope homérique et des artisans divins de la première mythologie grecque.

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  • Une incarnation de la vie à l'état brut ?


Les Cyclopes incarnent, par leur nature même, la profondeur archaïque et la complexité brute de l’existence vivante. Ils sont des créatures gouvernées par l’instinct, vivant à l’écart des lois humaines ou divines, tantôt indomptées, comme Polyphème, tantôt au service des dieux, comme les forgerons ouraniens. Leur existence est ancrée dans l’essentiel : le feu, la pierre, la force, le travail, la survie. Ils symbolisent une forme de vie originelle, brute, non façonnée par la culture, mais pourtant capable de création, de puissance, et parfois de fidélité. À travers eux, c’est une vision du vivant dépouillé de tout artifice qui se dessine, où l'être agit, ressent, et marque le monde sans se justifier.


C'est cet aspect précis des cyclopes qui a attiré mon attention et qui nourrit mon travail actuel. Le cyclopes pourraient-ils incarner la vie à l'état brut ? En partant de la terre, je modèle des cyclopes, des visages incarnés, tous associés à un besoin, à une facette primaire de l'être humain; le désir, le feu, le soleil etc. Les cyclopes deviennent des objets votifs, des incarnations de puissances divines ou spirituelles archaïques qui, aujourd'hui, nous ramèneraient peut-être à l'essentiel de notre condition humaine.

 
 
 

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