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axes de recherches no.1 : philosophie slave

  • Photo du rédacteur: Lea Stosskopf
    Lea Stosskopf
  • 9 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 mai

J’aboutis toujours mes travaux grâce à des textes. Soit je lis quelque chose qui me donne un déclic, soit j’écris jusqu’à l’avoir. Récemment, j’ai eu une idée pour un projet de sculpture. Je savais exactement ce que mon coeur voulait dire, mais je n’arrivais pas à le formuler avec des mots. Heureusement pour moi, les arts visuels s’en dispensent souvent, mais, comme dit plus tôt, j’ai besoin de ces mots pour me lancer pleinement dans la création.


Qu'a-t-on fait à l'amour ? Qu'est-il arrivé à nos cœurs ?

Voilà le point de départ de cette réflexion : un mélange de détresse et de crise émotionnelle et de désemparement face à une société dont le rapport à l'amour se complexifie, ou, plus intimement, un énième cri du cœur d'une artiste socialement et émotionnellement déréglée. C'est, comme souvent, un point de départ très personnel, très subjectif. En parallèle, je travaillais sur un autre axe de recherches impliquant une notion que j'aime de tout mon cœur, la воля ; [volya]. C'est une très belle philosophie, une façon de décrire le libre arbitre, la rage de vivre, la volonté d'être libre et d'être. Ce terme raisonne tout particulièrement en moi car il sous entend que la liberté et la volonté de vivre sont presque des instincts, des parties sauvages de l'être humain, ancrés en nous et guidés par notre propre flamme.


J'ai donc creusé.

Et j'ai trouvé.


La тоска ; [toska]. Il faut le vivre pour le comprendre car ce terme est, en soi, intraduisible, pleinement propre aux langues slaves qui se l'approprient. Il s'agit d'une forme de nostalgie existentielle fondée sur une absence qui, parfois, ne vient pas d'un manque précis. En d'autres termes, on pourrait aussi définir le тоска comme un chagrin, une mélancolie profondément intime qui pourrait être provoquée par le seul fait de vivre et de constater le cours de la vie. Dostoïevski, Akhmatova, Tchekhov et d'autres l'ont utilisé en littérature, souvent dans des représentations profondément slaves. Car, en effet, on associe culturellement le тоска aux peuples slaves. Ce point m'a fait sourire, car je reconnais que trop bien cette philosophie à travers mon entourage familial. Si bien que, même si il est inexplicable, тоска prend tout son sens quand on y est confronté depuis tant de temps.



"Что делать, если тоска — моя вера?" - Sergueï Essénine

“Que faire, si la toska est ma foi ?”



C'était donc ça. L'absence qui se fait si présente qu'elle devient une présence, la nostalgie de l'inconnu, la mélancolie rattachée à un manque profond et impalpable. La fatigue, la somnolence, toutes ces idées griffonnées sur mon carnet qui s'illuminent, c'est maintenant évident, j'ai été victime du тоска mais, ce n'est pas grave, c'est dans mes gênes, n'est ce pas ? Toutefois, je n'aime pas induire des messages pessimistes dans mes travaux. Le тоска sera donc agrémenté d'un autre concept, qui, dans mon cas, prend visiblement le dessus : la fameuse воля.


La tâche est quand même rude, quand je réalise que presque l'intégralité des concepts slaves que j'ai trouvé sont, justement, pessimistes. J'en ai quand même trouvé de très beaux, et je vais rapidement vous énumérer mes favoris :

  • душа ; [dousha] : Globalement, le душа, c'est l'âme. Mais si on creuse, c'est plus que ça. Le душа, c'est aussi la flamme de l'être humain, la pureté de ses émotions brutes, la force naturelle et intrinsèque des sentiments humains. C'est le cœur de toute la poésie de l'être.

  • простор ; [prostor] : C'est l'immensité, la grandeur des espaces spirituels, l'ouverture vers l'infini. Le простор décrit l'infini des possibles, la grandeur de l'esprit et de notre univers.

  • воля ; [volya] : Comme décrit plus haut, c'est la rage de vivre, le fait de laisser sa flamme nous guider, d'être farouche et sauvage, suivant ses propres règles établies par son cœur et son âme.


Si ces notions touchent probablement tous les êtres, je dois avouer d'avoir déjà réussi à les déchiffrer bien avant la prise de conscience de l'existence de ces concepts. Ces notions étaient là depuis le début, je les ai analysées, rejetées, adoptées, et j'arrive enfin à les visualiser suffisamment pour pouvoir les exploiter confortablement dans mes travaux. Même si je pense que ces notions s'étaient déjà discrètement glissées dans plusieurs projets, je sens que, depuis la découverte de leurs formulations, ma créativité s'enrichit et se nourrit de ces termes. Et, ce qui me réchauffe le cœur, c'est de trouver ces réponses dans mes origines qui sont à l'origine de beaucoup de mes recherches, textes et travaux plastiques.



 
 
 

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